Plus jamais ça
Galipoli, la Marne, l'Alsace, Verdun, le Chemin des Dames, Les Eparges, le moulin de Lafaux, la Somme, Ypres, Péronne, Montmirail, Douaumont, les forts de Vaux, de Tavanne, l'Argonne, l'Artois, le front d'Orient, Salonique…
Sur 8 millions de mobilisés entre 1914 et 1918, plus de 2 millions de jeunes hommes ne revirent jamais le clocher de leur village natal. Leurs noms sont gravés dans la pierre froide des monuments de nos villes et de nos bourgs. Et quand l'église s'est tue, quand l'école est fermée, quand la gare est close, quand le silence règne dans ces bourgs qui sont devenus
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des hameaux, il reste ces listes de mots, ces listes de noms et de prénoms qui rappellent le souvenir d'une France dont les campagnes étaient si peuplées.
Plus de 4 millions d'hommes ne survécurent qu'après avoir subi de graves blessures, le corps cassé, coupé, marqué, tordu, la chair abîmée, quand ils n'étaient pas gravement mutilés. Les autres s'en sortirent en apparence indemnes : il leur restait le souvenir de l'horreur vécue pendant plus de 50 mois, la mémoire du sang, de l'odeur des cadavres pourrissants, de l'éclatement des obus, de la boue fétide, de la vermine, la mémoire du rictus obscène de la mort…
Jean-Pierre Guéno
(Paroles de poilus)
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